Saint Antoine, Abbé

La vie de saint Antoine

Nous sommes en Egypte en 251. D'après la tradition, le christianisme s'est établi dans ce pays dès la fin du premier siècle grâce à l'apôtre saint Marc. Antoine naît à Qeman, en Haute Egypte, au sein d'une famille aisée. Il est instruit par la lecture des Evangiles et, dès l'âge de 18 ans, il décide de se tourner entièrement vers Dieu. A la mort de ses parents, il distribue tous ses biens, non sans avoir doté sa jeune soeur, et part vivre sa foi, en ermite, dans le désert. Ceci constitue un comportement religieux nouveau, celui d'un anachorète ou ermite. C'est à ce titre qu'Antoine est considéré comme un des fondateurs de l'érémitisme chrétien. La plus grande partie de sa vie se déroule dans une grotte de la Thébaïde. Il y subit toutes sortes de tentations de la part du Démon auxquelles Antoine résiste.  Antoine quittera un temps son refuge pour intervenir à Alexandrie contre l'arianisme, une des premières hérésies du christianisme naissant. Il soutient les chrétiens persécutés. Il accomplit également des miracles et est considéré, à ce titre de comme thaumaturge.

Il se retirera enfin en Thébaïde, au Mont Qolsum. C'est là qu'il s'éteindra. 

Athanase - futur évêque d'Alexandrie - rédigera sa biographie.

Antoine s'éteint en 356, à l'âge de 105 ans. Ses disciples l'ensevelissent dans un endroit qu'il souhaitait inconnu. 

La découverte de sa sépulture

Son tombeau sera néanmoins découvert et devant l'invasion arabe vers 642 accompagnée de l'imposition de l'Islam, ses restes seront ramenés à Alexandrie, puis à Constantinople, capitale de l'Empire d'Orient. En Occident, on découvre saint Antoine grâce au récit d'Athanase publié vers 370 (Vita Antonii : Vie et conduite de notre saint père Antoine), puis à la « Légende Dorée » du dominicain Jacques de Voragine (13ème siècle).

Sur place, c'est-à-dire à proximité de la grotte creusée au flanc du Mont Qolzum où saint Antoine mourut, un monastère (Deir Amba Antonios) a été édifié dès le 4ème siècle. Il passe pour être le plus ancien monastère au monde. Il abrite toujours un ordre religieux copte.

La translation des reliques de saint Antoine

La translation des reliques de Constantinople à La Motte aux Bois, qui deviendra Saint Antoine de Viennois avant d'être Saint-Antoine-l'Abbaye, nous est contée par Aymar Falco, historiographe de l'ordre antonin, récit paru en 1534, soit cinq siècles après les événements.

Au Moyen-Age, la Motte aux Bois est, sans doute, un minuscule bourg blotti au pied de son château. Il appartient aux seigneurs de Châteauneuf de l'Albenc. La tradition évoque, pour l'époque qui nous concerne, un certain Guillaume le Cornu, seigneur de Châteauneuf. Au moment de mourir, il confie à son fils Jocelyn la mission d'accomplir la promesse qu'il avait faite, celle de se rendre en pèlerinage en Terre Sainte, et qu'il n'a pas tenue.

Jocelyn part à Jérusalem et, sur le chemin du retour, passe à Constantinople où règne Romain IV, dit Diogène, empereur d'Orient. A l'issue de quelques services rendus à l'Empereur, qu'on suppose guerriers car Constantinople est en butte à l'expansion arabe, il obtient l'autorisation d'emmener les reliques du saint. Cet événement est daté 1070 par Aymard Falco.

C'est ainsi que la Motte aux Bois deviendra, sous l'appellation de Saint Antoine de Viennois , le réceptacle des reliques d'un saint déjà renommé en Occident, reliques qui, pendant des siècles, attireront des foules immenses et susciteront des élans de charité et d'humanisme de la part d'une confrérie, puis d'un ordre religieux, dont la réputation s'étendra dans toute l'Europe.

L'aura de saint Antoine

Saint Antoine, abbé, dit également le Grand, l'Egyptien, l'Ermite... est un thaumaturge qui a profondément marqué l'histoire religieuse très tôt au Moyen-âge jusqu'au 19ème siècle. Grâce aux écrits de saint Athanase, il fut connu rapidement en Occident et la translation des reliques en Dauphiné a fortement développé son culte.

Son intercession implorée à l'époque du redoutable Mal des Ardents qui aurait été suivie de guérisons miraculeuses et les légendes rapportées par l'historiographe de l'Ordre antonin, Aymar Falco, ont eu pour effet de consacrer saint Antoine comme le saint le plus représenté dans l'iconographie religieuse au travers de nombreux tableaux et statues qu'on découvre dans les plus grands musées comme dans les plus humbles chapelles.

Les thèmes les plus connus sont : les agressions du démon (Tentations de saint Antoine), la visite rendue à saint Paul, l'ermite et l'ensevelissement de celui-ci par saint Antoine aidé de deux lions.

Les attributs antonins

Les attributs avec lesquels est représenté notre saint sont :

- le livre, signe de connaissance, 

- le bâton surmonté le plus souvent d'un Tau, 

- une clochette soit celle de l'ordre mendiants dont les quêteurs se signalaient par une clochette, soit celle qu'on accrochait au cou des pourceaux pour les annoncer et éviter les accidents

- d'un cochon qui rappelle l'animal que les Antonins élevaient pour nourrir les malades. Il rappelle aussi les images des tentations subies par saint Antoine.

Des flammes jaillissent parfois sous les pieds du personnage, allusion au feu de Saint Antoine (autre nom du Mal des Ardents), terrible épidémie contre laquelle le saint était invoqué. 

Ces attributs ont pour origine la vie même de l'ermite            ( homme barbu âgé) mais aussi ceux de l'Ordre antonin qui s'est placé sous sa protection. Saint Antoine ne fonda pas d'ordre religieux celui-ci s'étant constitué dès 1090 sous la forme d'une communauté charitable (l'Aumône de Saint Antoine)  à partir de laïques soucieux d'accueillir les malades et de les soigner devenus, plus tard, chanoines réguliers de l'Ordre de Saint Antoine, ordre hospitalier (1297).

Aussi saint Antoine est-il souvent revêtu de la robe noire des chanoines antonins ornée d'un Tau d'azur, symbole de cet ordre. 

Mais sa renommée fut telle qu'il devint également le saint patron de nombreuses confréries telle celle des charcutiers. Il est aussi le protecteur du bétail, le saint patron des fermiers, vanniers, charcutiers et des métiers du cuir et bien d'autres... dont celui de la Légion étrangère...