Le Trésor
Historiquement, le trésor des églises réunissait un ensemble d'objets de culte qui témoignait de l'importance spirituelle des lieux et de leur richesse tant au plan de leur valeur matérielle qu'à celui d'œuvres d'art reconnues. Ce trésor, composé d'objets précieux, constituait également une réserve, un capital permettant, si besoin était, de faire face à des difficultés financières passagères.
De nos jours, à ces considérations s'ajoute la nécessité de regrouper et de protéger contre le vol des biens de valeur inestimable. Il s'agit, aussi et surtout, de permettre aux visiteurs de les découvrir et de les admirer en tant que témoins historiques appartenant à notre patrimoine. Le Trésor initial de l'église abbatiale de Saint-Antoine a été pillé lors des Guerres de Religions et de la Révolution. Il a été reconstitué à partir d'objets retrouvés et de pièces rapportées. Il est abrité et sécurisé dans trois chapelles, construites au fil des temps, qui constituent actuellement la sacristie de l'église.
La chapelle Saint-Michel
Cette chapelle, construite en 1352, servait initialement de lieu de réunions capitulaires, c'est-à-dire du chapitre (assemblée des religieux) et de dépôt des archives de l'abbaye. Elle sera ultérieurement agrandie puis deviendra revestiaire ou sacristie. A ce titre, elle est équipée, au 17ème siècle, de meubles fonctionnels en noyer. Ici, de nombreux ossements de saints ont été rassemblés et conservés dans des reliquaires, coffres en bois précieux souvent dorés, occultés ou vitrés, ou de bustes-reliquaires à l'effigie des saints auxquels la relique exposée appartenait. L'église abrite ainsi un des plus importants reliquaires de France.
Dans cette chapelle sont conservés des antiphonaires. Il s'agit de livres de chants datant du 17ème siècle qui peuvent peser jusqu'à 30 kilos. Leur couverture de bois recouvert de cuir est ornée de clous et d'un écusson en bronze doré. Sur cet écusson est frappé l'emblème des Antonins, un tau enrichi d'un aigle bicéphale depuis la concession faite par l'empereur Maximilien 1er d'Autriche (1502). Dans les vitrines sont exposés également des objets liturgiques : ciboires, calices, patènes, ostensoirs, custodes ... certains en argent ou en vermeil.
La pièce maîtresse du Trésor est, assurément, un Christ en ivoire du 17ème siècle de facture anonyme. Sans doute, fallait-il être hospitalier ou avoir des connaissances anatomiques poussées pour jouer ainsi avec les veines de l'ivoire et représenter, avec tant de réalisme, un corps crucifié.
Un certain nombre de tableaux complètent le trésor. Leurs auteurs ne sont, malheureusement, pas tous connus.
La chapelle de Notre-Dame de Consolation
Fondée en 1484, elle deviendra à la fin du 17ème siècle la petite sacristie. Les vitraux attirent de suite, par leurs couleurs, le regard. Ce sont les plus anciens de l'église. Ils datent du début du 17ème siècle.
Le vitrail de droite représente les armoiries initiales de l'ordre antonin : Tau « d'azur sur fond d'or ». Le vitrail de gauche représente une piéta dont on peut remarquer une main gauche disproportionnée.
Sur le mur d'en face, une peinture sur toile de lin collée sur bois nous révèle l'abbaye de Saint-Antoine et son bourg tels qu'ils étaient au 18ème siècle.
Cette représentation permet de visualiser l'abbaye toute entière et le village qui l'entoure et d'en apprécier l'importance et la beauté..
La chapelle privée de l'abbé Etienne Galland
En 1754, l'abbé Etienne Galland, avant dernier abbé général de l'Ordre, fonde une chapelle privée en prolongement de la chapelle Notre-Dame de Consolation et la dote de magnifiques boiseries en chêne dit de Hongrie. La date de fondation de la chapelle est inscrite dans des rinceaux finement sculptés au-dessus de la porte.
Le tableau servant de retable à l'autel représente la lapidation de saint Etienne, premier martyr et saint patron de l'abbé Galland. Il est attribué à Nicolas-Guy Brunet et pourrait être une copie d'une œuvre de Charles Lebrun.
Enfin, deux chapiers sont aménagés, l'un sous l'autel, l'autre dans la boiserie. Ces meubles remarquables sont munis de sept tiroirs semi-circulaires glissant sur des supports munis de roulettes. Ils permettaient de conserver à plat les « chapes » des abbés, larges manteaux, souvent œuvres d'art ainsi que les ornements sacerdotaux. Dans ces chapiers ont été rassemblés des chasubles, mitres, voiles huméraux ..., certains brodés de fil d'or, des 18ème et 19ème siècles et quelques pièces du 17ème.